En 1961, époque où le star-systemn’élevait pas au pinacle n’importe qui, n’ayant de talent que celui de ses promoteurs, où on ne faisait pas de standing ovations pour un oui ou pour un nom au tout venant, les Chats Sauvages avaient atteint le statut de « Rock-Star », bien avant que cette expression n’existe, uniquement à force de talent et de travail.
En 1965, lorsque le vent changea de direction, les Chats Sauvages tirèrent leur révérence. Jean-Claude Roboly, le guitariste soliste et son frère, Gérard, le guitariste rythmique quittèrent alors définitivement la scène sans tenter de s’accrocher à ce statut qui désormais les fuyait, ni regret, ayant tourné la page sur une nouvelle vie les passionnant tout autant, la production cinématographique pour Jean-Claude et les antiquités d’art pour Gérard.
En août 2012, un concours de circonstances amena Jean-Claude Coulonge, fondateur et batteur des Vinyls et Patrice Lapersonne le soliste, à rencontrer Gérard et Jean-Claude Roboly dans leur restaurant de Nice.Au cours du déjeuner, une idée en l’air fut émise : pourquoi ne pas donner un concert avec les Vinyls ? Après 50 ans d’abstinencescénique et plus de dix ans sans avoir touché une guitare, l’idée ne leur serait jamais venue à l’esprit. D’ailleurs, une reprise avec n’importe quels musiciens, aussi bons soient-ils n’aurait pas eu vraiment de sens en dehors du contexte des Chats Sauvages. Avec Les Vinyls toutefois c’était différent. Ils ont le son et interprètent les chansons des Chats Sauvages à la note près, leur conférant l’unique légitimité de les représenter.
Ainsi, pour Jean-Claude et Gérard Roboly, le come-back auquel ils ne pensaient même pas ne pouvait se faire qu’avec les Vnyls. C’est pourquoi ils saisirent l’idée au bond et le projet de deux concerts unique des Vinyls avec les deux Chats Sauvages fut acté. Le lieu approprié à cet événement ne pouvait être que l’Escale de Migennes, où les Chats Sauvages se produisirent trois fois, où Johnny Hallyday donna son premier concert professionnel en 1960 et où les Vinyls fêteraient leur 5ème passage en ce lieu mythique.
Au cours de l’année de préparation qui suivit, six répétitions seulement furent programmées, alors qu’il en aurait fallu bien plus. Elles eurent lieu à Nice le 12 octobre au studio LCL et les 8 et 9 novembre chez Henri Montoit, grand collectionneur de guitares et d’objets des années 60, dont des mobylettes Flandria. La répétition s’est terminée par un mini-concert avec d’autres musiciens pour une soirée privée. Les autres répétitions eurent lieule 21 novembre à Champs sur Marne et le 22 novembre au cabaret l’Escale. Aucune de ces répétitions ne put avoir lieu en présence de tous les membres des Vinyls et ce n’est que le samedi 23 novembre, jour du 1er concert qu’une répétition au complet put se dérouler.
Bien qu’ils soient passés à autre chose, les frères Roboly ont conservé l’exigence des professionnels sans les caprices des divas, ce qui permit de mettre sur pied un projet qui tient la route.
Remplir deux jours de suite le Cabaret l’Escale est plutôt rare. Il n’y a eu d’ailleurs qu’IsabelleAubret les 15 et 16 décembre 2012 qui a réussi cet exploit. Pourtant, le contenu alléchant de l’affiche fit qu’on dût refuser du monde le samedi soir et presque arriver à cette extrémité le dimanche après-midi. La salle a été remplie d’amis venus de tous les coins de France : de Nice, du Finistère, de la frontière Belge, mais aussi du Brésil, uniquement pour l’évènement. Il faut dire que les grands moyens médiatiques avaient été mis en œuvre : trois émissions de radio (Vallée FM, Radio Triage et France Bleu Auxerre) en deux jours et des banderoles traversant la nationale 6 (la route du Rock’n’roll) entre Auxerre et Migennes et à l’entrée de cette dernière, mises en place par les responsables du service culturel de la municipalité, ainsi qu’un affichage dans toutes les villes avoisinantes, chez les commerçants et sur les panneaux.
Avant le concert du dimanche, profitant du soleil, une séance photo dans la ville autour et dans une magnifique Studebaker a eu lieu. Plusieurs photos ont été prises sur la passerelle reliant la gare de Laroche-Migennes à l’Escale. Ce choix n’est pas anodin, puisque c’est la même passerelle qu’emprunta Johnny Hallyday et sa tante le 16 avril 1960 pour donner son premier concert professionnel. On pourrait appeler cet endroit « la passerelle de l’ombre à la lumière ».
Ce même concert du Dimanche a été filmé par Claude Routhiau rentré en toute hâte du Zénith de Caen où la veille il filmait la tournée Age tendre.
Le set était composé de deux parties : la première avec uniquement les Vinyls interprétant leur répertoire en Français, constitué à 80% de titres des Chats sauvages et une seconde partie avec James Fawler (Gérard Roboly) et John Rob (Jean-Claude). A leur arrivée sur scène, tout le monde s’est mis à prendre des photos. L’engouement était à son comble. Deux heures de spectacle qui se sont terminées par un triomphe, ponctué par un très bel article dans l’Yonne Républicaine du lendemain.
Pour Jean-Claude des Vinyls, ce fut la réalisation d’un rêve de jeunesse. Imaginez : jouer sur la même scène que ceux qu’il allait admirer il y a cinquante ans aux concerts et qui lui ont donné l’envie de faire de la musique. Le disciple a rejoint les maîtres.
Les spectateurs présents garderont certainement longtemps le souvenir de ce concert exceptionnel qui, on l’a dit et répété ne se reproduira plus.
Pourtant, à la troisième mi-temps, qui s’est déroulée à Auxerre, chez Claude Routhiau et Babette, certaines éventualités ont été évoquées.
Affaire à suivre…
GP