D’après sa toponymie, le nom de Maurepas, ville de presque 20 000 habitants située à 30 km à l’ouest de Paris, signifierait « mauvaise pâture », donc « mauvais repas », ou encore « mauvais repaire », « mauvaise passe »; rien de bon, en somme. Chose curieuse, le seul personnage de véritable renommée internationale de Maurepas y est enterré pour y être mort le 12 mai 1957 d’un cancer de la moelle épinière à l’âge de 71 ans. Il s’agit d’Eric Von Stroheim, acteur, scénariste et réalisateur de films plutôt lugubres, célèbre pour ses rôles de commandant de la Wehrmacht ou de la SS qui lui valurent le slogan de « l’homme que vous aimerez haïr ».
Malgré cet arrière-plan pas très réjouissant, la vie continue à Maurepas depuis l’antiquité. Comme dans toutes les villes de France, les lieux animés sont les zones commerçantes, dont le point central est le bar tabac. Accoudés au comptoir, on y rencontre le gotha des sélectionneurs de l’équipe de France, des premiers ministres, des hommes d’état qui refont le monde entre deux pastis. Même si leurs discours n’ont jamais rien apporté à qui que ce soit, au moins ils reposent la tête.
Le Maurepas, fait partie de ces bureaux de tabacs, proposant en plus des jeux de grattage, fournisseurs à ceux qui les achètent pour une somme encore modique, d’un instant de rêve s’évaporant dès que ces médiateurs de convoitise sont grattés. Mais ce n’est pas tout, le Maurepas est également un excellent restaurant de spécialités Aveyronnaises très fines. Comme quoi, il ne faut pas toujours se fier au nom.
Mais que s’y passe-t-il le vendredi soir lorsque la nuit tombe et que les derniers ministres de zinc sont partis regarder la télé chez eux et que Jeff et Hélena les propriétaires du Maurepas, à la fois beaux et dotés d’une gentillesse extrême baissent les rideaux de fer, aveuglent les vitres de l’établissement à l’aide des ramettes de papier d’emballage, pour que ceux qui sont à l’extérieur ne puissent pas voir ce qui se passe à l’intérieur ?
Exit les gratteurs, place aux gratteux. Le rock rejoint le zinc et un autre rêve ressurgit, celui des sixties. Ce soir là, 28 mars 2014, c’était le tour des Vinyls et la piste de dance improvisée en retirant les tables et les chaises fut vite remplie par les danseurs et les danseuses de Rock, de Madison et de Twist, car, comme le disait Eddie Cochran « When you hear that music you can't sit still » (Quand tu entends cette musique tu ne peux pas rester assis).
A la fin des trois sets, le bœuf avec l’ami Jean-Claude Warning, bras dans le plâtre et vois de granit, et l’ami Alain pour un medley de classiques du Rock’n Roll mit le point final à une soirée mémorable.