Après l’annulation du concert de Sochaux, les Vinyls avaient hâte de retrouver la scène et de tester leur nouveau spectacle, ainsi qu’Alexandre leur nouveau chanteur. Pour cela, nous avions une occasion grandeur nature avec le 1er Fest’île à Molène.
Au programme, il y avait aussi les Lionceaux, groupe qui fait partie de la légende des sixties depuis plus d’un demi siècle, dont Herbert Léonard fut l’un des chanteurs et qui a également accompagné Johnny Hallyday. Inutile donc de rappeler la qualité de ce groupe dont le répertoire actuel est centré sur le Rock anglais des Shadows, des Beatles et de Cliff Richard dans leurs versions en Français.
Il y avait également Gwennaëlle Le Grand, formidable chanteuse, jouant en même temps de la guitare ou de la basse avec les mains et de la batterie avec les pieds et Henry « Requin » Jaouen, extraordinaire guitariste, qui à eux deux forment un véritable trio s’appelant « Country Side » lorsqu’ils interprètent de la musique Country Rock de Johnny cash ou de Willie Nelson et « Ice Cream », lorsqu’ils élargissent leur répertoire éclectique à l’infini à Police, Santana, Doors, Dire Straits, Joan Jett etc.
Quant aux organisateurs de Fest’île Molène, il s’agissait de Nouvelle Vague, une association ayant pour objet le soutien dans différents domaines aux personnes âgées, handicapées ou vivant dans la précarité, sous la forme d’aides sociales, morales, technique et des conseils. C’est dire si déjà, ces gens ont du cœur.
Nous étions donc en pleine effervescence et excitation d’avant concert, lorsque François, notre bassiste nous annonce son départ du groupe pour des raisons de santé. Le ciel nous tombait sur la tête, à se demander si les Vinyls n’étaient pas maudits et si nous pourrions un jour faire ce premier concert tant attendu.
Dans le même temps, nous apprenions la défection de Roger, le soliste des Lionceaux, hospitalisé en urgence. Du coup, c’était le festival lui-même qui était remis en question.
L'enfant tant attendu, tant désiré, semblait se présenter par le siège.
Heureusement la vieille amitié liant les Vinyls aux Lionceaux et la solidarité entre ces deux groupes eut raison du mauvais sort et il fut décidé que Patrice, le soliste des Vinyls remplacerait Roger et que Guy, bassiste des Lionceaux remplacerait François.
Patrice, déjà en vacances en Bretagne fit le déplacement jusqu’à Reims pour répéter avec les Lionceaux et apporter à Guy les partitions de basse, puis revint dans la région parisienne pour faire une ultime répétition avec les Vinyls la veille du départ pour Molène.
L’association Nouvelle vague avait d’ailleurs eu ses propres soucis, puisque le Fest’île prévu à l’origine sur le port pour profiter de l’affluence liée aux fêtes de la mer, dut s’expatrier sur les hauteurs de l’île, en pleine nature, avec par ailleurs une vue magnifique, en raison d’une « querelle de personne ». Une scène faite avec les moyens du bord, constituée d’un podium de 15 m², auquel deux remorques de tracteur furent ajoutés fut montée près des terrains de foot de l’île.
Le jour du concert, Gwennaëlle et Henry, malgré l’heure tardive à laquelle ils s’étaient couchés la veille, étaient déjà à pied d’œuvre dès 8 heures du matin pour installer le container de matériel de sonorisations et d’éclairage qu’ils avaient apporté. A cette heure, une petite pluie comme on sait les faire en Bretagne tombait sur Molène. Tout le monde espérait que le vent chasserait cette ondée qui risquait de gâcher la fête. Malheureusement, le vent tournait et semblait ramener inexorablement les nuages au dessus de Molène, comme un chien de berger rassemble les moutons. Finalement, à une demi-heure du début du festival, contraint par la pluie qui se transformait parfois en déluge, Lionel, responsable de l’association prit la (sage) décision de rapatrier le spectacle dans la bâtisse servant un peu de salle des fêtes, située à une trentaine de mètres devant le podium.
Alors, tout le monde se mit à courir l’un avec la grosse caisse, l’autre avec des guitares, un autre avec des hauts parleurs, tout ça sous le déluge.
La bâtisse, vieille de 70 ans qui au départ devait servir de lieu de restauration et de buvette (très important la buvette) alternat entre salle de restaurant en mettant les tables et salle de concert en les enlevant, puis en les remettant pour le soir, et ainsi de suite.
Tout ça pour dire que, contre vents et marées le 1er Fest’île s’est finalement formidablement bien passé.
Et alors, me direz-vous, qu’en est-il d’Alexandre, comment a été sa première scène avec les Vinyls ? Et bien je dois dire que si nous savions d’avance, à travers les répétitions qu’Alex était un super chanteur, nous avons découvert ce jour là un grand showman, capable de mettre n’importe quel public dans sa poche et de faire se transcender le groupe lui-même. Avec lui, les Vinyls ont une voie royale ouverte devant eux. De plus, un nouveau bassiste semble être sur le point d’intégrer le groupe.
Pour terminer, il serait injuste de ne pas attribuer le succès du Festival de Molène à l’association Nouvelle vague et à ses bénévoles qui ont travaillé pendant un an et demie à ce projet : son président en tête, Lionel MASSON (Tata Yoyo) et ses collaborateurs, on ne saurait les citer tous, sans oublier Rachel, notre logeuse, Claude, le gendarme fan des Chaussettes Noires et d’Eddy Mitchell, grand collectionneurs de disques en vinyles, et son jeune collègue.
Ils ont tous été formidables et ont travaillé parfois dur et tard, toujours avec le sourire et la plus grande des gentillesses. Personne d’entre nous ne connaissait l’île de Molène. Mais nous pouvons dire à présent que dans ce monde en guerre, mis à feu et à sang par des fous furieux qui n’ont presque plus rien d’humains, un petit village peuplé d'irréductibles Bretons résiste encore et toujours à la folie meurtrière qui les entoure pour faire de cet îlot une oasis de paix.
En dix ans d’existence, les Vinyls en on fait des concerts. Toutefois, celui-ci est sans équivoque le plus attachant humainement. Imaginez tous les bénévoles venus sur le quai accompagner les musiciens, tombant en larmes dans les bras les uns des autres et restant à agiter les bras et les mouchoirs jusqu’à ce que le bateau se confonde avec la ligne d’horizon. Incroyable.
Nous avons rencontré des organisateurs, des gendarmes, une logeuse, nous avons quitté de véritables amis. Nous sommes fiers d’avoir participé à ce 1er Fest’île Molène qui, comme tous les grands festivals a commencé modestement, mais qui, dans l’avenir, on peut en être assuré, connaîtra le succès qu’il mérite au point où il faudra sans doute agrandir l’île.
A Molène, nous avons tourné une des plus belles pages de l’histoire des Vinyls. A présent il va falloir en écrire d’autres. Nous espérons simplement que l’une d’entre elle se tournera de nouveau sur cet îlot cher à notre cœur.
Kenavo va mignouned