En janvier 1947, Charles Trenet enregistrait une chanson intitulée « Douce France », dont le refrain disait :
Douce France
Cher pays de mon enfance
Bercée de tendre insouciance
Je t´ai gardée dans mon cœur!
Aujourd’hui, quand on habite dans les grandes villes et leurs banlieues, on ne peut que constater que la France n’a plus rien de doux, ni d’insouciant. (Certains diront même qu’elle n’a d’ailleurs plus rien de France, mais nous n’entrerons pas dans cette polémique).
Dès lors, cette belle chanson est-elle donc devenue complètement obsolète ?
Et bien, nous avons eu la preuve que non, ce samedi 13 octobre, à Lapanouse dans l’Aveyron et nous pouvons dès lors affirmer qu’il y a encore des endroits en France où il fait bon vivre.
Nous l’avions déjà constaté à l’île de Molène cet été (si tant est que nos amis Bretons nous pardonneront de les intégrer à la France), nous l’avons encore expérimenté dans ce charmant village « au clocher aux maisons sages » de 800 habitants.
Le nom « Lapanouse » viendrait de l’occitan « panus », signifiant « pain » du fait qu’au Moyen Âge, une congrégation de moines panetiers cultivait le blé et fabriquait du pain. D’ailleurs, à cette époque, chaque visiteur repartait du village avec un pain, c’est dire la tradition d’hospitalité du lieu.
Nous, Vinyls, avons pu constater que cette hospitalité n’était pas une légende. Le groupe était attendu depuis 4 ans et les 340 places de la salle des fêtes se sont vendues en une demi-journée dès leur mise en vente le 1er septembre et nous avons été reçus d’une manière inoubliable.
Inoubliable, ce fantastique public qui a dansé toute la soirée, dès le début du concert, jusqu’à la fin, et même plus, puisque le concert s’est terminé à 2 heures du matin, alors que nous aurions pu continuer toute la nuit, ne sentant pas la fatigue, portés par ce fabuleux public.
Fabuleuse également, l’organisation de la soirée, menée de main de maître par Gaby Lombard et son équipe de l’association « Lapanouse détente », Robert Mas, son président, sans oublier Monsieur le maire du village et tous les bénévoles, habillés façon sixties, avec les « nœuds twist » pour les hommes et les jupes « Vichy » pour les femmes (certaines avaient les couettes de Sheila).
On nous avait prévenus : « ici, c’est la France profonde ». En général, cette expression est utilisée avec condescendance, de la part des citadins, jouant aux rats des villes vis-à-vis des rats des champs. Effectivement, il y a de la profondeur. Mais elle inspire le respect. Il y a d’abord la profondeur de l’accent, où l’on ne perçoit que de la chaleur et de l’hospitalité. Il y a aussi la profondeur de la culture immuable de la région Midi Pyrénées et la beauté de ses paysages, la profondeur des traditions. Et puis il y a la simplicité des gens. Ils étaient venus à cette soirée pour danser et s’amuser, c’est ce qu’ils ont fait, dans la bonne humeur et la gentillesse.
Dans ces conditions, nous ne pouvions pas faire autrement que donner le maximum. C’est ce que nous avons fait. A souligner, pour notre part, hormis la progression constante d’Alexandre à chaque concert, l’apport technique et scénique de Jean-Philippe, notre nouveau bassiste, qui, tout en étant discret et effacé en dehors de la scène, montre un jeu de scène virevoltant et naturel.
Finalement, même si l’Aveyron et Lapanouse en particulier ne sont pas le cher pays de notre enfance, leur tendre insouciance reviendra sans cesse à notre mémoire et bercera à jamais nos cœurs.
GP