De Saint Molf à Joigny
En ces temps de dégénérescence générale où la laideur est à la mode, remplaçant la beauté, où l’on érige le n’importe quoi au rang de l’art et les valeurs sont inversées, phénomènes qui sentent la fin de civilisation comme ce fut le cas lors de la chute de l’empire romain (que les moins de 1542 ans ne peuvent pas connaître), célébrer les bonnes choses du passé ressemble à un réflexe de survie, à un antidote à la déprime.
Aujourd’hui, le simple « pauvre paysan » n’existe plus. Avec la modernisation des systèmes et la sophistication des nouvelles machines, il doit être en même temps entrepreneur et pratiquement ingénieur s’il veut survivre. Ce qui ne veut pas dire qu’il ne continue pas à travailler tous les jours de la semaine et que ses trente-cinq heures, il les fait pratiquement par jour. Décidément, les vaches et les cochons n’entendent rien aux revendications syndicales.
Les céréales ont permis l’essor des grandes civilisations car elles constituèrent l’une des premières activités agricoles. Or, le travail céréalier n’a jamais été de tout repos. Quand on voit les images de ces paysans d’extrême orient piquant le riz le dos courbé ou ceux de Beauce fauchant les blés à la faux, on a un aperçu de la difficulté.
Après le fauchage, il y a le battage pour séparer le grain de la tige. Au Moyen-âge, on utilisait un fléau. A partir du XIXème siècle on commença à utiliser les batteuses. Et après le battage, on fêtait la fin de la moisson. Après l’effort, le réconfort et tous les villageois se réunissaient pour boire et s’adonner à toutes sortes de libations avec « Jules au violon et Léon à l’accordéon ».
Aujourd’hui, avec toutes les machines qui font le travail de A à Z, je ne sais pas si l’on fête toujours la fin du battage, mais toutes les occasions sont bonnes pour boire un coup entre amis. Alors, on peut aussi célébrer le battage à l’ancienne comme le font de nombreux village en France, dont celui de Saint Molf en Loire Atlantique.
Cette année marquait le 44ème épisode de cette fête qui regroupe des expositions de vieux tracteurs (ça change des alignements d’Harley-Davidson) des démonstrations de battages à l’ancienne et toutes sortes de divertissements liés au blé et à la mer.
Dans un autre ordre d’idée, fêter les bouchons peut sembler de prime abord une drôle d’idée, car se trouver coincé avec des milliers d’autres voitures entre un camion et une caravane d’Hollandais, n’a jamais été agréable ni louable. Pourtant, à Joigny, dans l’Yonne, on fête le célèbre bouchon qui ralentissait les Parisiens en partance pour les vacances dans le Sud de la France à l’époque où il n’y avait pas encore d’autoroute. Maintenant, les bouchons se trouvent justement sur ces autoroutes. C’est moins romantique, c’est tout. Car à l’époque, on avait le temps d’admirer le paysage et de s’arrêter dans un restaurant de routier (sympa).
La fête du « bouchon de Joigny » (comme celle de Lapalisse) donne l’occasion de faire défiler les voitures anciennes, celles qui avaient de la personnalité, qu’on reconnaissait au premier coup d’œil et au bruit du moteur. Aujourd’hui, les voitures n’ont plus de saveur ; elles se ressemblent toutes. On parle de « SUV », de « Crossover » (qu’on ne sait même pas ce que ça veut dire), mais finalement, c’est comme si on avait un moule unique donnant un modèle sans style dont on peut savoir la marque qu’en regardant le logo. Parlez-moi des Simca, des Panhard, des Dodoches et des 4 Pat. Ca, au moins ça avait de la gueule et de la personnalité.
Cette année, pour la 5ème édition des Bouchons qui, jusqu’à présent se déroulaient le 1er dimanche de septembre, la ville de Joigny a décidé pour la première fois la formule sur deux jours. En plus du défilé de voitures anciennes et de pinups du dimanche, le samedi était consacré à un « marché vintage » et à un concert.
Nous, Les Vinyls, avons eu l’honneur et la chance de participer à la Fête des battages à l’ancienne de Saint Molf et aux bouchons de Joigny. Les lieux étaient différents, les gens n’étaient pas les mêmes, mais leur point commun était une sorte de recherche du temps perdu (mais pas oublié), d’une sorte d’oasis de fraicheur au milieu du désert quotidien.
Nous remercions les organisateurs et les édiles de nous avoir donné l’opportunité de présenter notre musique aussi intemporelle que tout ce qui se lie aux trente glorieuses.
Pour nous le plus grand motif de satisfaction, à part la réaction du public qui est toujours bonne à notre égard, c’est le mot de conclusion de Nicolas Soret, le jeune premier adjoint du Maire de Joigny, Bernard Moraine, à la fin de notre concert : « pour cette première édition sur deux jours, j’ai fait le pari d’inviter Les Vinyls et je suis heureux d’avoir fait le bon choix ».
Que demander de plus ?
GP
Commentaires
Bonjour un seul mot bravo Gérard pour ce beau reportage, et merci aux villes et responsables qui font confiance depuis 20 ans aux Vinyls avec le " rock n roll story ". et vive la musique.