Des pages se sont tournées

Au cours des dix premières années de l’existence du groupe, Les Vinyls se sont produits une fois par an au Petit Journal Montparnasse. Ensuite, changements de directions, de stratégie et de manque de concordance des calendriers obligent, cinq années se sont écoulées sans qu’il y ait eu une seule possibilité de jouer sur cette scène parisienne devenue mythique.

Et puis, l’opportunité s’est présentée en date du 16 avril. Venus du Sud, du Nord, de l’Ouest, du Centre de la France, les spectateurs étaient nombreux, la salle était comble au point d’ouvrir la galerie latérale et de recevoir les félicitations de la direction. Chose importante, la moitié des personnes découvraient les Vinyls. Et ils n’ont pas été déçus. Après trois heures de concert, ils en réclamaient encore. Il est désormais question d’une nouvelle prestation des VInyls au Petit Journal Montparnasse dans six mois.

Mais sans être blasés, le succès de cette folle soirée de pur Rock’n’roll pourrait passer pour anecdotique au regard des événements heureux et malheureux entourant ce concert.

Le hasard du calendrier a voulu que le  16 avril coïncide avec la date du 4^ème anniversaire de l’entrée du chanteur Alexandre Lucet chez les Vinyls. Juste deux mois auparavant, il avait fait ses débuts sur la même scène du PJM, pendant un concert de Ricky Norton, sur présentation de Jean-Luc Lahaye. Il avait alors interprété deux titres d’Elvis Presley et à 19 ans, pour sa première apparition devant un vrai public, il avait été salué par une standing ovation. La « Grande Sylvie », amie de longue date de Jean-Claude Coulonge avait pris ses coordonnées « au cas où », ne sachant pas que les Vinyls cherchaient justement un nouveau chanteur.

Mais un autre événement, triste celui-là est venu ternir l’éclat de la soirée.

En juillet 1960, alors tout jeune batteur, Jean-Claude Coulonge fut contacté par le groupe « Les Centaures » qui cherchait un batteur pour sa tournée d’été. Il retrouva le groupe dans un café à la gare de Clamart, près de chez lui. La tournée devant commencer la semaine suivante, il fut engagé sur le champ. C’est ainsi « qu’à 15 ans et 3 mois », il partit sur les routes de France comme musicien de Rock’n’roll, carrière qu’il poursuit aujourd’hui avec les Vinyls.

Ce samedi soir de juillet 1960, c’est Claude Doudou, guitariste rythmique des Centaures, à peine plus âgé que lui, qui est venu frapper à sa porte de Fontenay-aux-Roses, au sud de la banlieue parisienne. Le lundi suivant, soit deux jours plus tard, les Centaures partaient pour une aventure de quatre ans. Depuis, une amitié indéfectible lie les deux hommes. Malgré les années et l’éloignement (Claude est parti vivre en Belgique près de ses frères), malgré les divergences de carrières (Claude est devenu un maître des arts martiaux), ils sont toujours restés en contact. Bien que malade, Claude a tenu à venir voir Les Vinyls à Mouscron lors de leur concert au Wap Doo Wap l’année dernière.

Claude Doudou est décédé la veille du concert des Vinyls au Petit Journal Montparnasse. Il veillait certainement de là où il est à présent sur son protégé, Jean-Claude Coulonge qui a pu ainsi surmonter sa douleur et a assuré le succès de la soirée.

Ainsi, des pages de l’histoire du groupe, mais aussi dans le journal personnel de chacun de ses membres se sont tournées au Petit Journal Montparnasse en ce 16 avril 2016 ; de joyeuses, des tristes. Il en reste encore à remplir et encore beaucoup de joies et sans doute beaucoup de peine s’y inscriront. Mais dans tous les cas, comme on dit chez nous « show must go on ».

GP