Quand les murs tombent
A leur apparition en Angleterre dans les années cinquante, les Teddy Boys, pour de nombreux parents, représentaient l’antéchrist. Pour beaucoup d’adolescents ils étaient au contraire, tout ce qu’ils auraient voulus être, sans pouvoir l’oser. Il faut dire qu’avec leur banane agressive devant, leur ducktail derrière, les rouflaquettes (pour ceux qui peuvent) et les tatouages qui tiennent chaud l’hiver, leur drape jacket et les Creepers, sans oublier la bouteille de bière toujours à portée de main, quand ils arrivent en ville, les bons bourgeois changent de trottoir.
C’est dire si nous nous demandions ce que nous, Vinyls, avec nos chemises bien repassées et notre répertoire basé pour l’occasion essentiellement sur Elvis, allions faire sur cette planète où nous risquions de passer pour des extra-terrestres au regard de ces zélateurs de Crazy Cavan, ces apôtres de Matchbox et des Riot Rockers et pour qui, au Walhalla du Rock & Roll, seul Gene Vincent trouve grâce.
C’était au cœur de l’Yonne, pour la 4ème « Rock’n’Roll Party », au programme de laquelle figuraient d’excellents groupes, venus de France (Yann Corupted & the Convicts), d’Allemagne (The Town Rebels) et, en vedette, Cliff Edmonds, un formidable chanteur Anglais, accompagné par les mêmes Town Rebels.
Eh bien, je dois dire que la mayonnaise a pris. Il faut dire que nous sommes tombés sur des gens, organisateurs et public, charmants, extrêmement accueillants, qui nous ont tout de suite intégrés et nous ont même fait l’honneur d’apprécier notre show, au point où nous sommes repartis avec trois concerts en vue, dont l’un à Düsseldorf.
Ceci amène plusieurs réflexions. La première est que, quel que soit le public devant lequel jouent les Vinyls, que ce soient des papis boomers, ou des étudiants comme ce fut le cas au Zénith d’Orléans ou encore des Teddy Boys, ça fonctionne et nous laissons une impression indélébile.
L’autre réflexion est que, quelles que soient les différences que l’on puisse présenter, que ce soit dans le look ou les goûts musicaux, dans l’approche de la vie ou de tout ce qu’on veut, à partir du moment où on a du cœur, on finit toujours par s’apprécier et se respecter mutuellement. C’est aussi une leçon pour tous ceux qui, au contraire, mettent en avant leurs différences comme si c’était des marques de supériorité, ceux qui construisent des murs de cons, ne se rendant pas compte qu’eux-mêmes devraient y figurer en priorité.
Non, je ne m’énerve pas, j’explique !
Dès le début du mois de mai, d’ailleurs, nous serons confrontés encore à un autre public : ce sera en Belgique pour un spectacle dont les vedettes sont les Sunlight, groupe fondé dans les années 1960 et dont le répertoire est composé de chansons telles que « le déserteur » de Boris Vian, « les roses blanches », chanson initialement interprétée par Berthe Sylva. Leur Best-of sorti en 2004 a été disque de platine en Belgique. Mais encore, en 1963, ils ont également accompagné Gene Vincent sur la scène de l’Ancienne Belgique à Bruxelles. Autre changement pour nous, la configuration du Centre culturel Maurice Staquet de Mouscron où se déroulera le concert, ne permet pas aux danseurs de s’exprimer, ce qui nous change de nos prestations habituelles.
Toutes ces expériences ne peuvent que nous enrichir et nous permettre de nous améliorer encore et encore.
GP